Qui sont les héros et héroïnes méconnus de la Résistance française ?
Lorsque la Résistance française est évoquée, on pense immédiatement à certaines figures célèbres comme Jean Moulin. Mais ce mouvement fut aussi composé d’une multitude de héros et d’héroïnes méconnus.
Hommes et femmes, Français et étrangers, issus d’horizons politiques, géographiques et professionnels aussi divers que possible : des profils très variés se sont unis à partir de 1940 dans le seul but de libérer la France du joug nazi.
Ces dernières années, un travail de mémoire a été accompli pour mieux faire connaître l’action discrète, mais décisive de tous les résistants, au-delà des grandes dates historiques comme l’appel du 18 juin 1940 ou la Libération de Paris en 1944.
Depuis 2014, la série documentaire « Les Résistances », diffusée sur ‘France 3’, met par exemple en valeur sur 8 épisodes le rôle clandestin de 250 résistants répartis dans tous les territoires de métropole.
À Rouen, le petit-fils du résistant Marcel Pasquet a légué aux archives municipales des documents inédits sur la vie de son grand-père. Ces éléments ont ensuite été adaptés en bande dessinée à des fins d’enseignement.
Déporté en 1944 et ministre de De Gaulle dans les années 1960, Pierre Sudreau a contribué à créer le réseau « Brutus » dans le sud de la France, avant de tenter de l’étendre dans la zone occupée et d’être infiltré par la Gestapo, comme l’indique le site internet de la Fondation de la Résistance.
Célèbre pour ses spectacles après la guerre, le mime Marceau a participé à sauver des enfants juifs et a rejoint la Résistance en 1942 : un engagement motivé par ses origines juives et alsaciennes. Marceau était justement le pseudonyme qu’il avait choisi pour sa vie clandestine !
Premières victimes des horreurs de la guerre, les Juifs ont aussi participé aux mouvements de résistance. Parmi beaucoup d’autres, un groupe s’était organisé au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire.
Comme l’indiquait ‘Libération’ à l’occasion d’une exposition sur la résistance juive, « ceux qui devaient être cachés, le pasteur les appelait "les anciens testaments", et les chrétiens les accueillaient sans poser de questions ».
Si nombre d’entre eux sont restés anonymes ou ont péri dans les camps, certains résistants juifs sont néanmoins devenus célèbres, comme Théo Klein, en charge des faux papiers et des fuites vers la Suisse (sur la photo en 1983).
Si les personnalités emblématiques de la Résistance sont majoritairement masculines, les femmes ont largement contribué à faire vivre les réseaux clandestins qui ont essaimé aux quatre coins de la France.
Selon un article de l’historien Olivier Wieviorka, paru dans la revue ‘Sciences humaines’, les femmes ont représenté entre 10 et 16 % des effectifs de la Résistance française. Mais leur rôle a longtemps été sous-estimé.
Ce spécialiste a également rappelé qu’environ 15 % des personnes françaises déportées pour des raisons politiques sous l’Occupation ont été des femmes.
Cette contribution est d’autant plus remarquable que les femmes avaient alors le statut juridique de mineures, ne disposant pas du droit de vote et étant soumises à l’autorité de leur mari. Autant d’obstacles à leur participation effective à la lutte !
Cela n’a pas empêché certaines d’entre elles d’occuper des responsabilités importantes, comme Berty Albrecht, cofondatrice du groupe « Combat », ou Lucie Aubrac (sur la photo avec son mari Raymond), qui a participé à créer le groupe « Libération-Sud ».
Par ailleurs, deux femmes sont connues pour avoir dirigé un maquis de résistants. L’une d’entre elles est Georgette Claude Gérard.
Moins impliquées que les hommes dans la lutte armée, les femmes ont tenu un rôle important dans la diffusion de renseignements, comme Gilberte Brossolette, l’épouse de Pierre Brossolette, un résistant décédé en 1944 après avoir été arrêté et torturé.
Ayant gagné Londres via la zone libre en 1942, Gilberte Brossolette a assuré la liaison entre la BBC anglaise et les résistants français de l’intérieur, tout en étant chargée de l’accueil et de l’évaluation des nouvelles recrues de l’armée française libre.
Les femmes ont par ailleurs été à la manœuvre des mouvements d’assistance. On les retrouve dans des fonctions aussi variées que l’aide aux prisonniers de guerre, aux évadés et aux réfractaires du Service du travail obligatoire (STO), la transmission d’informations et l’hébergement des fugitifs, notamment dans des couvents qui étaient alors des lieux sûrs.
Rappelons aussi que le « Chant des partisans », l’hymne de la résistance française, a été composé par Anna Marly, une ancienne émigrée russe qui travaillait au quartier général des Forces françaises libres, à Londres. Les paroles françaises ont été écrites par son mari, Joseph Kessel, et son neveu, Maurice Druon, tous deux écrivains.
Alors que Missak et Méline Manouchian, les chefs du réseau de résistance du même nom, viennent de faire leur entrée au Panthéon, n’oublions jamais les héros et héroïnes de l’ombre, parfois sacrifiés, souvent oubliés, qui ont permis de faire de la Résistance française une réalité.
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