Afghanistan : voici comment les échecs russes et occidentaux se sont répétés au fil de l'histoire
Pendant de nombreux siècles, des pays forts et puissants ont tenté d'occuper l'Afghanistan, mais ont échoué lamentablement. C'est la raison pour laquelle ce pays a été surnommé le "cimetière des empires".
Ce pays doit sa résistance, en partie du moins, à sa topologie : sec et parsemé de collines et de montagnes, il a tout du décor hostile.
Avec des communauté très unies, qui tendent à rester imperméables aux étrangers, l'Afghanistan est également une société essentiellement tribale composée de plusieurs groupes ethniques.
Il y a deux ans, le 15 août 2021, la prise du pouvoir par les Talibans a choqué le monde occidental, après la retraite des troupes américaines d'Afghanistan. Cela a d’ailleurs provoqué l'effondrement du gouvernement de Kaboul.
Mais cela n'a finalement rien de surprenant : les États-Unis n'étaient que la dernière d’une longue liste de superpuissances qui ont tenté de prendre pied en Afghanistan. Et ils ont échoué.
Dans le cadre d'une série de conflits surnommés "le grand jeu", l'Empire russe et l'Empire britannique se sont disputés l'Afghanistan au cours du XIXe siècle.
Craignant que la cour ne se rapproche trop de la Russie impériale en 1838, les Britanniques ont déclaré la guerre à l'émirat de Kaboul en envahissant l'actuel Pakistan.
Quatre ans plus tard, les Britanniques ont été expulsés. C’est ce que l’on a appelé "la retraite de Kaboul". Un seul homme, le Dr William Brydon, survivra, sur les 4 500 soldats britanniques et les 14 000 partisans du régime.
Les Britanniques n'ont pas tenté de maintenir une présence permanente dans le pays, et Kaboul a fini par réaffirmer son indépendance, malgré la victoire finale de Londres lors des deux guerres de 1878 et de 1919 contre l'Afghanistan.
L'Afghanistan a connu une période de stabilité sous le règne du roi Mohammed Zahir Shah (photographié ici avec son épouse en 1972), et ce, pendant une bonne partie du XXe siècle.
Kaboul est resté en bons termes avec Moscou, adoptant une position de non-alignement entre l'Union soviétique et les puissances occidentales. C'est grâce à cela que l'Afghanistan a pu connaître cette paix et cette stabilité.
Dans le cadre d'un conflit armé avec des factions musulmanes conservatrices qui, à leur tour, opéraient sur le territoire soviétique, l'armée rouge s'est aventurée à deux reprises sur le territoire afghan à la fin des années 1920 pour aider à rétablir la monarchie.
La révolution dite de Saur a eu lieu lorsque, en 1978, un gouvernement pro-soviétique est arrivé au pouvoir et a exécuté le président Mohammed Doud Khan, alors que l'Afghanistan était devenue une république en 1973.
L'Union soviétique, craignant qu'un changement de régime ne crée des liens plus étroits avec les États-Unis, a envahi l'Afghanistan lorsque le chef suprême du gouvernement révolutionnaire, Nur Muhammad Taraki, est assassiné par ses rivaux politiques en octobre 1979.
Fortement critiquée sur la scène internationale, cette intervention militaire ne devait à l'origine durer que quelques mois, le temps de sécuriser les villes et de stabiliser le gouvernement.
Surnommé par certain "guerre du Vietnam de l'Union soviétique", le conflit s'est prolongé pendant tout une décennie et est devenu très impopulaire en Russie.
La guerre soviéto-afghane a fini par devenir une guerre par procuration entre l'armée soviétique et le gouvernement pro-soviétique de Kaboul, d'une part, et les moudjahidines, soutenus par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine, d'autre part.
L'un des facteurs ayant conduit à la chute de l'Union soviétique est justement cet échec de l'intervention soviétique en Afghanistan.
Dans les années 1990, un conflit a éclaté, entre les terroristes religieux soutenus par la CIA et les forces de l'URSS. Il se conclut par la prise de contrôle du pays par les Talibans (et donc à une victoire de la CIA).
L'armée américaine a envahi l'Afghanistan et renversé le gouvernement dirigé par les talibans un mois après les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center.
Cependant, l'invasion américaine de l'Afghanistan s'est soldée par un échec retentissant, comme l'avaient fait les invasions britanniques et soviétiques. L'histoire s'est répétée, et nous a prouvé qu'il est plus facile d'envahir un pays, que de le contrôler ensuite...