Biodiversité en péril : focus sur les espèces en danger
Conséquence de la dégradation de l’environnement liée à l’activité humaine, la biodiversité est actuellement en grand danger à travers le monde. Et les chiffres sont alarmants !
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) établit tous les ans une liste rouge des espèces menacées, qui est reconnue comme l’outil le plus fiable pour surveiller l’évolution des espèces végétales et animales.
Créé en 1964, cet inventaire se présente sous la forme d’une base de données qui recense l’état de conservation de plus de 150 000 espèces sur environ 1,8 million qui sont répertoriées dans le monde.
Dans la version de 2023 de la liste rouge, 44 016 espèces étaient classées comme menacées sur les 157 190 étudiées.
Certains types d’animaux sont particulièrement vulnérables : selon l’UICN, 41 % des amphibiens, 12 % des oiseaux et 26 % des mammifères sont menacés d’extinction dans le monde, ainsi que 37 % des requins et raies et 36 % des coraux constructeurs de récifs.
Pour évaluer l’existence et l’ampleur des menaces, la base de données s’appuie sur certains critères précis, comme la taille de la population, l’évolution géographique de son habitat naturel et la proportion d’individus arrivés à maturité.
À côté des catégories "non évalué" (NE) et "données insuffisantes" (DD), sept autres catégories permettent de classer les espèces évaluées, qu’elles soient menacées ou non.
Les espèces non menacées sont elles-mêmes divisées en deux catégories : préoccupation mineure (LC), qui inclut les espèces répandues et abondantes (y compris l’humain), et espèce quasi menacée (NT), à savoir celles qui ne sont pas menacées à ce stade mais pourraient l’être à l’avenir.
Les espèces menacées sont, quant à elles, divisées en trois catégories : vulnérable (VU), en danger (EN) et en danger critique d’extinction (CR).
Photo : Sohan Rayguru / Unsplash
Tout d’abord, une espèce est considérée comme vulnérable lorsqu’elle remplit certains critères liés au déclin de sa population, ou bien à la faiblesse ou à la fragmentation de sa zone géographique.
Le yak, le léopard, le lion et l’aigle impérial sont des espèces vulnérables, tout comme certains types de vipères et de faisans.
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Les espèces classées comme en danger remplissent à un niveau plus élevé les critères de population, de répartition géographique ou de proportion d’individus matures : par exemple, une baisse des effectifs de 70 % ou plus sur 10 ans ou trois générations (contre 50 % pour les vulnérables).
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De nombreuses espèces de magnolias, de requins et de panthères, ainsi que l’ours brun de Syrie et plusieurs types de paruline (en photo) sont aujourd’hui classés comme en danger.
Les espèces en danger critique d’extinction correspondent à un niveau encore plus élevé des mêmes critères de population, de répartition géographique ou de proportion d’individus matures (par exemple, une baisse des effectifs de 90 % ou plus sur 10 ans ou trois générations).
Plusieurs aras, le dauphin de Chine, l’échasse noire, le gibbon noir et la girafe de Nubie sont aujourd’hui en danger critique d’extinction. Le héron impérial et de nombreux vautours sont dans la même situation.
Enfin, deux catégories concernent les espèces disparues : celles éteintes à l’état sauvage et survivant uniquement en élevage (EW), comme le lion de l’Atlas, et celles entièrement disparues (EX).
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Le dodo, le lion du Cap, le loup des Malouines et la loutre du Japon ont en commun d’être éteints à jamais. C’est aussi le cas de certaines espèces de perruches et de pigeons.
Heureusement, la publication de la base de données peut avoir un réel impact positif sur la sauvegarde des espèces, comme l’explique à Géo Craig Hilton-Taylor, le chef de l’équipe de la Liste Rouge à l’UICN.
« De nombreux pays utilisent la Liste rouge pour éclairer leur politique et leurs priorités de conservation, il y a donc de fortes chances qu'une espèce classée comme menacée puisse conduire à une meilleure protection ou à la prise de mesures spécifiques », indique-t-il, considérant comme un « appel à l’action » la déclaration d’une espèce comme menacée.
Craig Hilton-Taylor rappelle que certains animaux emblématiques sont au stade critique, comme trois espèces de rhinocéros, ainsi que l’éléphant de forêt d’Afrique. Par ailleurs, le tigre et le gorille des montagnes sont menacés et le panda géant est vulnérable.
L’objectif de l’UICN est de réévaluer le niveau de menace sur chaque espèce tous les dix ans. Mais une accélération du danger peut conduire à des actualisations plus fréquentes, notamment pour les oiseaux qui sont réévalués tous les ans lorsqu’ils sont en danger critique d’extinction.
Les pays les plus touchés sont naturellement les plus riches en biodiversité, indique Craig Hilton-Taylor. En 2022, Madagascar comptait 3 732 espèces menacées, l’Équateur (y compris les îles Galapagos) 2 630, le Mexique 2 245 et l’Indonésie 2 223.
En France, sur plus de 13 000 espèces évaluées, 2 430 sont menacées (soit 17,6 % d’entre elles) et 187 sont disparues ou éteintes. Ces résultats ont été trouvés dans le cadre de l’Inventaire national du patrimoine naturel, selon les critères de l’UICN.