Découvrez les dessous de la rencontre entre Gerhard Schröder et Vladimir Poutine à Moscou
On sait de source sûre que la femme de monsieur Schröder, So-yeon Schröder-Kim, l'a accompagnée à Moscou récemment car elle a posté un selfie. En effet, l'ancien chancelier allemand s'y est rendu en passant par Istanbul, pour une rencontre non officielle (ici, une photographie datant de leur précédente rencontre) selon l'agence de presse DPA. Ni le Kremlin ni Kiev n'ont fait de déclaration par rapport à cette rencontre, et la teneur de leurs échanges reste privée.
Le selfie posté sur Instagram par madame Schröder la montre en train de prier. De la fenêtre de son hôtel, on peut voir la Place Rouge. La présence de Schröder à Moscou témoigne de la proximité de ce dernier avec le président Russe, ce qui lui valut de nombreuses critiques, y compris avant la guerre.
L'ancien chancelier Gerhard Schröder a suscité une vague d'indignation car il ne s'est pas contenté de condamner l'invasion russe : il précise qu'il y a eu des erreurs des deux côtés. Pourquoi Schröder se met-il à l'écart ? Est-ce à cause d'intérêts financiers qui le lieraient à Poutine ? Découvrons-le ensemble en analysant les derniers mouvements de Gerhard Schröder.
Même s'il se retrouve au cœur d'un scandale politique, Mr Schröder s'est rendu à Moscou pour discuter du conflit avec le président russe, selon le journal américain Politico. Un mouvement audacieux.
Selon ses opposants, Schröder n'aurait pas condamné Poutine assez durement, en raison d'intérêts financiers qui le lient à la Russie.
Si l'ancien chancelier a en effet déclaré dans une note postée sur le site web LinkedIn que la Russie devrait compenser les dégâts causés en Ukraine et que la sécurité de la Russie ne justifiait pas l'usage de la force militaire, il a également parlé « d'erreurs des deux côtés », ce qui a causé la colère de certains.
Il poursuit dans sa note en affirmant qu'il faut veiller à ce que les sanctions ne rompent pas la totalité des « liens politiques, économiques et civils qui subsistent entre l'Europe et la Russie », ce que ses détracteurs voient comme un aveu de sa connivence avec les entreprises russes et une volonté de préserver ses propres intérêts.
(Sur la photo : Gerhard Schröder avec sa cinquième épouse So-yeon Schröder-Kim)
M. Schröder est président du comité des actionnaires de Nord Stream AG et du conseil d'administration de Nord Stream 2 AG. Il toucherait 250 000 euros par an pour son travail sur ces gazoducs qui relient la Russie et l'Allemagne.
Des gazoducs controversés, car certains pays d'Europe deviendraient alors bien trop dépendants de la Russie en matière d'énergie. Le projet de Nord Stream 2, un second gazoduc, fut interrompu dès le début de la guerre en Ukraine par le chancelier Olaf Scholz.
Mais Schröder refuse d'abandonner son poste dans l'entreprise, et il rejoindra même prochainement le conseil de surveillance de Gazprom, entreprise publique et principal fournisseur d'énergie russe, selon le Tagesschau.
(La photo montre l'ancien chancelier avec Poutine dans les installations de Gazprom en Russie).
La société d'énergie publique russe, Rosneft, est, elle aussi, impliquée. Son PDG avait déjà été frappé par des sanctions et des actionnaires étrangers tels que BP se sont retirés. Mr Schröder est actuellement à la tête du conseil de surveillance de Rosneft.
Tout cela est rendu possible grâce à ses relations étroites avec le président russe. Une amitié controversée qui a commencé il y 20 ans, alors que Schröder était encore chancelier, entre 1998 et 2005.
Ce qui, au départ, n'étaient que des visites officielles (voir photo) alors que Schröder était au pouvoir, s'est mué en profonde amitié personnelle au moment où l'Allemand perdait les élections fédérales. C’était en 2005.
Lors du soixantième anniversaire de Schröder, les médias avaient abondamment critiqué la participation du Président russe à l'événement organisé au domicile de l'ex-chancelier, tout comme une promenade en traîneau à Moscou effectuée par les deux hommes et qualifiée d’inappropriée.
(Photo : Schröder, son épouse de l'époque Doris Köpf et Poutine dans une troïka russe)
C'est le qualificatif attribué à Gerhard Schröder par le chef d'opposition russe actuellement emprisonné, Alexeï Navalny.
L'ancien chancelier apparaît sur une photo datant du « Jour de la Russie » en 2014.
Marié cinq fois, Gerhard (Gerd pour les intimes) Schröder adopta deux orphelins russes, Viktoria et Gregor, en 2004 et 2006, avec Doris Köpf, sa quatrième épouse.
Sa femme actuelle, So-yeon Schröder-Kim, une économiste sud-coréenne épousée en 2018, le défend sur son compte Instagram.
Il n'a pas encore rompu ses liens amicaux et financiers avec Poutine, Nord Stream, Gazprom et Rosneft. Et cela en dépit des critiques et pressions internationales à l’encontre des dirigeants politiques et économiques qui travaillent avec la Russie.
« [Schröder] joue avec la frontière floue qu'il y a entre ses activités commerciales et l'influence qu'il exerce en tant qu'ancien ministre. Ce n'est pas seulement mal, c'est triste » déclare le secrétaire général du SPD au journal Tagesspiegel. Le mouvement a rayé Schröder de la liste des principaux sociaux-démocrates sur son site web, tandis que l'antenne de Heidelberg exige sa démission.
Les quatre employés de bureau de Schröder au Bundestag ont démissionné, et ce, à la surprise générale.
Schröder est un fan de football, tout le monde le sait. Mais la Fédération allemande de football fait pression en exigeant de l'ancien chancelier qu'il renonce à ses « fonctions dans des entreprises d'État russes » ou il se verra retiré son statut de membre honoraire de la Fédération. C'est un pas qui est déjà franchi par le club Borussia Dortmund, qui a déjà fait le nécessaire pour révoquer son titre de membre honoraire.
S'ajoutent aux organisations faisant pression sur Schröder l'organisation de travailleurs AWO qui le somme de rendre le prix Heinrich Albertz qu'il a reçu en 2005.
Quels autres moyens seront déployés pour faire pression sur l'ancien chancelier ? Sa rencontre avec son ami Vladimir Poutine sera-t-elle couronnée de succès ? Quoi qu'il en soit, il est clair que Gerhard Schröder n'a pas fini de faire parler de lui.