Expérience : on a donné 7 500 dollars à des SDF, voici ce qu’ils en ont fait

Le fait de donner de l'argent aux sans-abri en réduit-il le nombre ?
Une hypothèse testée au Canada
2 % de la population mondiale vit dans la rue
Le sans-abrisme coûte cher à la société
93 dollars pour une nuit dans un abri à Vancouver
La pauvreté a-t-elle un impact sur les fonctions cognitives ?
De légers problèmes de santé ou d’addiction
Addiction et sans-abrisme
À la rencontre de Ray
À la rencontre de Katherine
Que pensez-vous que les participants ont fait de cet argent ?
Des choix d’investissements judicieux : quand les stéréotypes s’effondrent
777 dollars d’économie par participant
Ray espère faire fructifier l'argent
Ça a aidé Katherine et son chat
Ça aide, mais ça ne suffit pas
L'expérience se poursuit
Le fait de donner de l'argent aux sans-abri en réduit-il le nombre ?

La plupart des programmes d'aide évitent de donner une grosse somme d'argent aux personnes sans domicile fixe, de peur qu'elles ne la dépensent pas correctement. Cependant, le manque d'argent permettant de payer un logement constitue la principale cause de sans-abrisme.

Une hypothèse testée au Canada

50 sans-abri ont reçu 7 500 dollars canadiens en espèces. Ces personnes étaient libres de dépenser l'argent comme elles le souhaitaient. Des chercheurs de Vancouver, au Canada, ont voulu vérifier l'hypothèse selon laquelle donner de l'argent en espèces pouvait aider les sans-abri. Les résultats observés chez ces 50 personnes ont été comparés à ceux de 65 autres personnes qui n'avaient pas reçu d'argent, et le résultat... Eh bien, il vous faudra lire la suite de l'article pour le savoir !

Photo : Foundations for Social Change/Youtube

2 % de la population mondiale vit dans la rue

L'espérance de vie d'une personne sans domicile est réduite de 8 à 14 ans par rapport à celle de la population générale. Le sans-abrisme est un enjeu majeur dans le monde entier et l'on estime que deux personnes sur cent vivent dans la rue.

Le sans-abrisme coûte cher à la société

Si dans des pays comme le Canada et les États-Unis, l'impact économique des sans-abri sur les quartiers est important, ils coûtent également beaucoup d'argent aux contribuables. Le coût moyen des services sociaux et de santé est estimé à plus de 5 000 dollars par an. Mais si ces personnes sont atteintes d'une maladie mentale, les coûts peuvent dépasser 55 000 dollars par an au Canada et 83 000 dollars par an aux États-Unis.

93 dollars pour une nuit dans un abri à Vancouver

Comptant plus de 2,5 millions d'habitants, Vancouver est l'un des endroits où la vie est la plus chère au Canada, et on estime à 4 000 le nombre de personnes vivant dans la rue. Chaque semaine, environ cinq personnes deviennent sans-abri dans la ville. Parmi elles, environ 80 % souffrent d'un problème de santé chronique, 49 % d'une addiction et 34 % d'une maladie mentale. Les refuges se disent débordés, et le coût de l'hébergement dans un refuge est estimé à 93 dollars canadiens par nuit !

La pauvreté a-t-elle un impact sur les fonctions cognitives ?

Si d'autres recherches ont démontré que des sommes d'argent plus importantes favorisent la réflexion à long terme, celle-ci cherche à démontrer que vivre dans la pauvreté peut nuire considérablement à la santé mentale et aux fonctions cognitives. Cela peut devenir un cercle vicieux qui perpétue la pauvreté. Au-delà de la nutrition ou d'autres habitudes, le stress de la vie dans la pauvreté peut à lui seul affaiblir l'esprit. Les chercheurs veulent voir si 7 500 dollars peuvent suffire à briser ce cercle vicieux !

De légers problèmes de santé ou d’addiction

Ceux qui ont reçu 7 500 dollars en espèces ont tous bénéficié d'ateliers de planification d'une heure tous les trois mois et étaient sans domicile depuis moins de deux ans. Afin de réduire les risques tels que l'overdose, les participants de l'étude, qu'ils soient du groupe "argent" ou du groupe contrôle, ont été soumis à un dépistage de dépendance aux drogues et à une évaluation psychologique. Résultat ? Des faibles niveaux d'abus de drogues ou d'alcool, ainsi que des symptômes de troubles mentaux minimes.

Addiction et sans-abrisme

Les statistiques varient d'une région à l'autre, mais la dépendance est souvent le résultat de l'absence de domicile. Selon l'Addiction Center, les substances illicites sont utilisées comme moyen de faire face à la situation. Selon un rapport publié en 2018 par le gouvernement canadien, la drogue ou l'alcool sont, pour 25 % des sans-abri, la raison pour laquelle ils se sont retrouvés dans la rue. Le taux le plus élevé de ces problèmes se trouve chez les personnes ayant vécu dans la rue depuis leur jeunesse, soit la moitié des sans-abri de l'étude.

À la rencontre de Ray

"Au début, j'ai pensé que c'était un peu tiré par les cheveux (trop beau pour être vrai). Je n'avais pas de véritable revenu, et lorsque je gagnais de l'argent, c'était pour survivre", explique Ray, l'une des personnes qui a pu bénéficier de ce financement, en parlant de la façon dont il a fini par vivre dans la rue.

Photo : Foundations for Social Change/Youtube

À la rencontre de Katherine

"J'avais l'impression d'être sans espoir, d'être coincée et de ne pas pouvoir aller plus loin... mais il ne s'agissait pas de me donner un tas de limites. Ils voulaient que j'aie des choix et des opportunités", explique Katherine en vidéo, une autre personne ayant bénéficié de l'expérience.

Photo : Foundations for Social Change/Youtube

Que pensez-vous que les participants ont fait de cet argent ?

Globalement, les personnes interrogées ont estimé que les sans-abri dépenseraient 81 % de plus en produits incitatifs tels que l'alcool, la drogue ou le tabac par rapport à ce qu'ils dépenseraient s'ils n'étaient pas sans domicile. Pas moins de 1 100 personnes ont été interrogées pour pronostiquer la manière dont les sans-abri ayant reçu de l'argent le dépenseraient, et cette enquête montre clairement la méfiance à l'égard de ce groupe social.

Des choix d’investissements judicieux : quand les stéréotypes s’effondrent

Les sans-abri ayant participé à l'expérience ont pu trouver un logement stable plus rapidement et se sont retrouvés plus à l'aise financièrement un an plus tard que les membres du groupe de contrôle. Donc, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ceux qui ont reçu l'argent n'ont PAS augmenté leurs dépenses en drogues, tabac ou alcool. Au contraire, elles ont dépensé davantage pour la nourriture, les vêtements et le loyer.

777 dollars d’économie par participant

Étant donné que les bénéficiaires ont passé 99 jours de moins sans domicile et 55 jours de plus dans un logement stable, les économies réalisées sur la seule utilisation des refuges s'élèvent à 8 277 dollars en moyenne par participant. Si l'on soustrait 7 500 dollars, on obtient une économie de 777 dollars. Au cours de l'année, les personnes qui ont reçu les 7 500 dollars ont donc en fait utilisé moins de ressources destinées à les aider que celles qui n'ont pas reçu le paiement forfaitaire.

Ray espère faire fructifier l'argent

"Je veux rendre ce que j'ai reçu... Je pourrais un jour être cette personne importante qui a une voix puissante. Une graine peut devenir un chêne, n'est-ce pas ?" Ray a déclaré que l'argent avait constitué un tremplin important qui l'a aidé à se mettre sur la bonne voie pour le reste de sa vie. Il souhaite commencer à travailler lui-même avec les sans-abri.

Photo : Foundations for Social Change/Youtube

Ça a aidé Katherine et son chat

Katherine a pu payer la facture du vétérinaire de son chat. Elle a déclaré que cette somme "m'a vraiment permis de grandir, de rêver et d'aller de l'avant." Elle dit avoir dépensé l'argent pour acheter des vêtements, de la nourriture et une session chez un chiropracteur, dont elle avait besoin.

Photo : Foundations for Social Change/Youtube

Ça aide, mais ça ne suffit pas

"La solution au problème des sans-abri est le logement. Surtout dans une ville comme Vancouver où les loyers sont astronomiques, il sera très difficile de maintenir une intervention contre le sans-abrisme sans offrir des logements abordables à long terme. Je ne voudrais pas que ces résultats soient utilisés pour réduire la pression sur le besoin critique de fournir à la fois des logements abordables à long terme et une sécurité de revenu à long terme," a souligné Gary Bloch, un médecin qui travaille avec des patients à faibles revenus.

Photo : Explore Vancouver Canada/Youtube

L'expérience se poursuit

Cette étude s'appuie sur d'autres recherches qui montrent que les paiements en espèces dans d'autres contextes, notamment dans des pays comme le Kenya, la Zambie et le Pakistan, peuvent être bénéfiques à la fois pour les individus et pour les sociétés. Les chercheurs souhaitent mener des études plus larges sur les transferts d'argent liquide, tant auprès des personnes sans domicile que d'autres populations telles que les travailleurs du sexe ou les personnes qui viennent de sortir de prison.

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