La déferlante des voitures électriques chinoises : est-ce une menace pour l’Europe ?
Panique sur le marché européen de l’automobile ! Les véhicules électriques chinois font une véritable déferlante sur le Vieux continent. Quelle est la réaction de l’Europe à cette offensive commerciale ? Et que cache un tel succès ?
Selon les données de la Commission européenne, la part de marché en Europe des marques chinoises était de 8% en 2022, soit deux fois plus qu’en 2021.
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Signe qu’il ne s’agit pas d’un phénomène passager, ce chiffre pourrait atteindre 15% dès 2025 si la tendance actuelle se poursuit.
Si vous étiez habitué aux marques européennes, américaines ou japonaises, vous allez aussi bientôt voir de plus en plus de BYD, Aiways, SAIC, Geely ou Byton sillonner les routes.
Selon Sigrid de Vries, la directrice générale de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), citée par ‘Euronews’, la Chine « a les yeux rivés sur le marché européen, avec le potentiel de changer fondamentalement le visage des industries européennes telles que nous les connaissons. »
« Il semble que la décision stratégique de la Chine d'investir très tôt et tout au long de la chaîne de valeur porte ses fruits. », a ajouté la cheffe du lobby automobile européen.
Cette arrivée en force des voitures électriques chinoises se déroule dans un contexte technologique particulier pour l’Europe, où la vente de véhicules à moteur thermique sera interdite à partir de 2035.
Outre l’abandon du moteur à combustion, le marché européen est particulièrement attractif pour les constructeurs chinois en raison de la faiblesse des droits de douane sur les voitures importées : 10% sur le Vieux continent, contre 27,5% aux États-Unis.
Consciente de son incapacité à rattraper les firmes occidentales et japonaises sur les véhicules à explosion, la Chine a décidé de se concentrer uniquement sur les voitures électriques.
Un choix facilité par la position dominante de la Chine sur les matières premières nécessaires à la fabrication de batteries, comme le lithium, le cobalt ou le nickel.
Grâce à des investissements massifs, les constructeurs de l’Empire du Milieu sont parvenus en quelques années à produire des véhicules d’une qualité comparable à celle de leurs concurrents.
Et le coût plus faible de la main d’œuvre en Chine permet de vendre les produits finis à des prix bien plus compétitifs, ce qui facilite la pénétration des marchés étrangers.
Mais ces prix alléchants pour les consommateurs ne sont-ils dus qu’à la faiblesse des coûts de production ? Ce n’est pas l’avis de la Commission européenne, qui soupçonne des aides publiques massives aux industriels chinois.
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Dans son récent discours sur l’état de l’Union européenne, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a annoncé à la surprise générale l’ouverture d’une enquête commerciale sur les voitures électriques chinoises.
Citée par ‘Euronews’, la femme politique a déclaré que le prix des voitures électriques chinoises « est maintenu artificiellement bas par d'énormes subventions publiques. »
Cette politique de Pékin constituerait un préjudice pour les entreprises européennes, qui ne bénéficient pas des mêmes facilités de la part de leurs gouvernements.
« Et comme nous n'acceptons pas cette distorsion de l'intérieur de notre marché, nous ne l'acceptons pas non plus de l'extérieur. », a ajouté von der Leyen.
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Une enquête est nécessaire pour faire la lumière sur les pratiques supposées déloyales de la Chine, car les flux sont difficiles à retracer et il en existe plusieurs types : prêts préférentiels, avantages fiscaux, voire subventionnement direct.
Les autorités chinoises ont rapidement réagi contre ce qu’elles voient comme une forme de protectionnisme : cette démarche « aura un impact négatif sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l'Union européenne », selon les propos officiels de Pékin, cités par ‘La Tribune’.
Quoi qu’il en soit, les résultats de l’enquête pourraient aboutir à un relèvement des droits de douane. Sur ‘LCI’, le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a rappelé que ce type d’enquête « se traduit souvent par des augmentations de droits de douane de 10 à 20% ».
Cette augmentation des droits concernerait également les voitures fabriquées dans des usines chinoises par des constructeurs européens ou américains.
Quelle que soit la décision finale, cet épisode vient rappeler que les relations commerciales sont de plus en plus tendues entre l’Europe et la Chine. Les prochains mois seront décisifs pour l’avenir européen de l’industrie automobile chinoise !