Le Mont Blanc a perdu plus de deux mètres d'altitude en deux ans : faut-il s'inquiéter ?
Le toit de l'Europe est moins haut qu'avant. C'est ce que nous apprennent les géomètres-experts de Haute-Savoie dans un communiqué officiel publié ce jeudi 5 octobre. Mesuré en septembre dernier, le Mont Blanc culmine désormais à 4 805,59 mètres d'altitude.
Le Mont Blanc a donc perdu 2,22 m par rapport à sa dernière mesure officielle, effectuée en 2021. Il y a deux ans, le plus haut sommet des Alpes atteignait 4 807,81 m, d'après les données de l'Ordre des géomètres-experts.
Tous les deux ans depuis 2001, une équipe d'experts gravit le sommet européen pour le mesurer grâce à des outils de haute précision. Cette année, l'équipe composée d'une vingtaine de géomètres a utilisé un drone pour la première fois depuis le début de ces expéditions.
En fait, l'altitude du Mont Blanc relevée en 2023 est la plus basse enregistrée depuis 2001, si on la compare aux onze autres mesures officielles publiées par la chambre départementale des géomètres-experts de la Haute-Savoie.
La valeur la plus haute enregistrée par les géomètres remonte à 2007. Cette année-là, le Mont Blanc mesurait officiellement 4 810,90 mètres d'altitude.
Si on observe de près les données publiées depuis 2001, on constate que la taille du Mont Blanc oscille continuellement. Ainsi, en 2001, le Mont Blanc mesurait 4 810,40 m, soit 50 cm de moins qu'en 2007, et 1,67 m de plus qu'en 2015 (4 808,73 m). Alors faut-il vraiment s'inquiéter des dernières données enregistrées ?
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"En une nuit, il peut tomber entre 1 m et 1,50 m de neige au sommet, ce qui peut modifier sa hauteur d’un jour à l’autre", explique Denis Borrel, géomètre et président de la commission en charge de mesurer le Mont Blanc, cité par Le Parisien.
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Le sommet rocheux de la montagne s'élève à 4 792 mètres d'altitude. Mais c'est en fait l'épaisseur de couche des neiges éternelles qui varie "en fonction des vents d’altitude et des précipitations", indiquaient en 2021 les géomètres-experts de la Haute-Savoie.
"Depuis que l’on a cherché à connaître sa taille au XIXe siècle, on a toujours mesuré le sommet neigeux du mont Blanc qui est façonné par le vent, un peu à l’image d’une dune", précise Denis Borrel.
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Le sommet du Mont Blanc est plus haut en été qu'en hiver. Oui, cela peut paraitre étonnant, mais en fait, les vents plus forts en hiver ont tendance à raboter la neige.
Le sommet est donc naturellement plus haut à la saison estivale, comme l'explique le géomètre Denis Borrel dans Le Parisien : "Cela semble paradoxal mais au printemps, quand il neige, les flocons ont tendance à être rabattus horizontalement par le vent, alors qu’au mois de septembre, la neige y tombe plus verticalement." C'est la raison pour laquelle les mesures du Mont Blanc sont prises à la toute fin de l'été.
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En Europe, les températures se sont considérablement élevées sur la période 1991-2021, "avec un réchauffement d’environ +0,5 °C par décennie", observe l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM). En raison de leur altitude relativement basse, les glaciers européens seraient affectés par le réchauffement climatique.
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"Les glaciers alpins ont perdu 30 mètres d’épaisseur entre 1997 et 2021", affirme l'OMM dans un communiqué publié en novembre 2022.
Le 18 juin 2022, la température record de 10,4°C a été enregistrée au sommet du Mont Blanc par une station météo installée à proximité. Or, habituellement, les températures y dépassent rarement les 0°C, et peuvent passer sous la barre des - 30°C en hiver.
Selon l’Agence régionale de protection environnementale, cet épisode de "chaleur" de juin 2022 a provoqué une "fonte prolongée au sommet du Mont Blanc".
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Mais pour le géomètre Denis Borrel, le réchauffement climatique n'affecte pas la hauteur de la montagne. "Même si le mercure y était monté ponctuellement à plus de 10 °C au cours de cette journée, le réchauffement climatique ne semble pas avoir d’influence pour l’instant sur la fonte de la calotte neigeuse, ni sur sa hauteur", analyse-t-il.
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"Il faut bien se rendre compte que c’est un vrai frigo là-haut et qu’il y fait souvent aux environs de - 10 °C. Mais il faudrait accumuler des données sur plusieurs décennies pour mesurer l’impact à long terme du réchauffement sur le sommet", précise le géomètre.
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