Le nombre de sans-abri à New-York atteint des records depuis 1930
Ces dernières années, le nombre de personnes sans domicile fixe (ou SDF) à New York a atteint son plus haut niveau depuis la crise économique des années 1930, selon la Coalition pour les sans-abri, une organisation à but non lucratif qui vient en aide aux gens les plus vulnérables et en situation de précarité.
Rien qu'en juillet 2022, 52 137 personnes, dont 16 650 enfants, ont dormi dans le principal centre d'accueil de la ville de New York.
La première cause de cette augmentation, en particulier chez les familles, est le manque de logements à prix abordables. Pour avoir une petite idée, le loyer moyen dépasse les 5 000 dollars à Manhattan ! Une bagatelle...
Les enquêtes menées auprès des familles se trouvant dans cette situation de précarité ont permis d'identifier les principaux facteurs déclencheurs du sans-abrisme : expulsion, logement surpeuplé, violence domestique, perte d'emploi et résidences insalubres.
Les recherches ont montré que les adultes seuls, contrairement aux familles, présentaient des taux plus élevés de maladies mentales graves, de troubles de la dépendance et d'autres problèmes de santé.
Environ 56 % des chefs de famille vivant dans des centres d'accueil sont afro-américains, 32 % sont hispano-américains, 7 % sont blancs, moins de 1 % sont asiatiques ou amérindiens et 4 % sont d'origine ethnique inconnue.
En novembre 2019, le DHS (le département de la sécurité intérieure) a estimé que 77 % des couples, 68 % des individus et 53 % des familles avec enfants qui dormaient dans des hébergements temporaires présentaient au moins un handicap.
Par conséquent, des milliers de SDF dorment dans les rues de New York, dans le métro et dans d'autres espaces publics.
Il n'existe aucune mesure précise de la population de sans domicile fixe à New York. De plus, les enquêtes récentes de la ville sous-estiment considérablement le nombre de sans-abri.
Du 18 mars au 1er mai, la ville a démantelé 733 campements dans cinq arrondissements, selon 'NPR'. Après avoir rencontré 264 personnes, 39 d'entre elles ont accepté un logement temporaire.
L'initiative multiagences envoie des agents de la police de New York et des travailleurs des services d'assainissement et d'aide aux sans-abri de la ville pour éradiquer les campements de SDF.
Les responsables de la ville ont déclaré que les résidents des campements sont avertis 24 heures à l'avance des démantèlements. Bien entendu, ces opérations ont conduit à l'arrestation de militants sans-abri.
Les défenseurs des sans-abri considèrent que les mesures prises allant à l'encontre de ces campements constituent un gaspillage massif de ressources qui pourraient être utilisées pour répondre aux besoins critiques des SDF.
"Les personnes qui vivent dans la rue ont essayé d'aller à maintes reprises dans le centre d'accueil principal de la ville, mais elles ne se sont pas senties en sécurité ou n'ont pas eu le sentiment que ces installations répondaient à leurs besoins", a déclaré Jacquelyn Simone, directrice des politiques de la Coalition pour les sans-abri de New York.
"Par conséquent, essayer de forcer les gens à retourner dans un système d'hébergement (dont ils ne veulent pas) ne sera pas couronné de succès", a-t-elle précisée.
Selon l'experte, le gouvernement a choisi la solution de facilité en envoyant des policiers pour "acculer ces sans-abri" au lieu de s'attaquer réellement aux racines du problème.
Pourtant, une bonne façon de s'attaquer aux racines du problème pourrait être la politique du "logement prioritaire".
Le "logement prioritaire" est une politique qui consiste à offrir le plus rapidement possible une résidence permanente inconditionnelle aux sans-abri, puis à leur proposer d'autres services de soutien, tels que la recherche d'un emploi, leur donner des conseils ou encore leur permettre de suivre une thérapie.
L'approche du logement prioritaire est fondée sur le concept que le besoin primaire d'une personne ou d'une famille est d'obtenir une résidence stable, et que les autres problèmes qui peuvent affecter le foyer peuvent et doivent être traités une fois le domicile obtenu.
En revanche, les programmes traditionnels fonctionnent sur la base d'un modèle de "préparation au logement", c'est-à-dire qu'un individu ou une famille doit résoudre d'autres problèmes qui ont pu conduire à vivre dans la rue avant d'entrer dans une résidence, comme les problèmes de dépendance ou la maladie mentale.
Néanmoins, les experts affirment qu'il est important de considérer que le logement n'est qu'une pièce du puzzle que constitue la crise sociale du sans-abrisme dans la ville de New York.
"Nous avons besoin d'un continuum de soins qui réponde aux besoins individuels de tous les SDF de New York", a déclaré Harriet Karr-McDonald, présidente du 'Doe Fund', une organisation à but non lucratif dont la mission est de briser le cycle de la précarité.
"Qu'il s'agisse d'une mère célibataire, d'un homme au chômage, d'une personne sortant de prison et n'ayant nulle part où aller, d'une personne atteinte de schizophrénie ou luttant contre la dépendance, et de tout le monde hors de ces groupes", a-t-elle ajouté.
"Cela signifie un accès plus facile aux logements permanents, mais permet aussi davantage de centres d'accueil et de services de soutien pour aider les gens à se stabiliser et à réintégrer la communauté."
L'expert affirme également que des investissements en amont sont nécessaires dans les communautés marginalisées pour remédier aux vastes disparités raciales et socio-économiques de la ville.