Les décharges à ciel ouvert dans le monde : un problème écologique majeur
Alors que la question du tri et du recyclage des déchets est de plus en plus importante, de gigantesques décharges à ciel ouvert continuent de proliférer dans le monde entier. Et c’est un grave problème ! En fonction de leur type, elles ont des incidences graves sur la préservation de l'environnement autant que sur la santé publique.
Comme l’a récemment montré une étude néerlandaise parue dans la revue ‘Science Advance’, ces décharges sont à l’origine d’une grande partie des émissions de méthane dans certaines régions du monde.
Le réchauffement climatique est imputable pour un quart au méthane, qui est un gaz à effet de serre. Les décharges à ciel ouvert sont donc un facteur aggravant du changement actuel du climat.
Et certaines ont un impact considérable à elles seules : une décharge à proximité de Buenos Aires, en Argentine, émet 28 tonnes de méthane par heure, soit l’équivalent de 1,5 million de voitures, selon les scientifiques néerlandais.
Cette décharge représenterait près de la moitié de la pollution atmosphérique de cette région, où vit environ 40% de la population argentine.
L’étude a révélé que certaines agglomérations concentraient un degré élevé d’émissions liées aux décharges, comme Buenos Aires, mais aussi Dehli, Lahore et Bombay, en Inde.
Les amas de déchets ne sont pas présents uniquement sur les terres émergées : dans le nord de l’Océan Pacifique flotte un vortex de déchets dont la superficie est 3 à 4 fois supérieure à celle de la France.
@ Noaa, National Geographic Society
Ce qui est surnommé le « septième continent » est un amas de déchets plastiques amenés par différents courants. Une catastrophe pour la faune marine !
Selon des estimations citées par ‘Géo’, le vortex comprenait 80 000 tonnes de déchets, soit 1,8 milliard de déchets plastiques, en 2018 – un chiffre en augmentation régulière.
Au Kenya, la gigantesque décharge de Dandora, à l’est de Nairobi, n’a cessé de croître au fil des années, pour le plus grand danger des millions d’habitants des bidonvilles aux alentours.
Une initiative a été lancée récemment pour trier les matériaux entassés et pour transformer les plastiques en produits ménagers. Une manière de concilier dépollution et activité économique pour la population locale.
Au Ghana, la décharge de déchets électroniques d’Agbogbloshie est un véritable défi : de nombreux pays européens et asiatiques y exportent illégalement leurs équipements défectueux pour contourner les normes environnementales.
Ces déchets sont présentés comme des produits d’occasion nécessaires pour alimenter un marché dans lequel une bonne partie de la population n’a pas les moyens de s’offrir du matériel neuf.
Mais en pratique, seuls 10 à 20% des ordinateurs récupérés sont réutilisés, selon ‘France Info’. Le reste finit à la décharge et le marché informel du traitement des déchets est contrôlé par des mafias locales.
Un autre type de décharge à ciel ouvert existe en Chine : les gigantesques cimetières de voitures électriques neuves et abandonnées.
Dans un pays qui a massivement subventionné la production de véhicules électriques à bas coût, ces endroits en périphérie des villes où s’entassent des centaines de voitures sont l’envers du décor du miracle économique.
Toujours dans l’Empire du Milieu, le site de Guiyu, dans la province de Guangdong, est la plus grande décharge d’équipements électriques et électroniques sur la planète.
Les opérations de recyclage y sont toxiques et provoquent des problèmes respiratoires, neurologiques ou cutanés chez la plupart des personnes qui y travaillent. Par ailleurs, la riziculture est devenue impossible à Guiyu à cause de la pollution des sols et de l’eau.
Au Chili, une décharge comprenant des milliers de tonnes de déchets (carcasses de voitures, vêtements) s’étend dans le désert d’Atacama.
Ce lieu constitue « un risque environnemental, un danger pour la santé des gens », selon Paulin Silva, une avocate et militante écologiste citée par ‘France Info’.
Quant à la France, elle n'est pas en reste puisqu'on ne compte pas moins de 36 000 décharges sauvages en métropole, certes de dimension plus modeste. Soit plus que le nombre de communes sur le territoire.
@ Andrei Ciobanu / Unsplash
Des opérations « territoires propres » ont été lancées par la gendarmerie afin de faire de la prévention et de sanctionner les personnes ou entreprises en infraction. Les déchets de chantier, les produits dangereux et les véhicules hors d’usage sont particulièrement ciblés.
@ Sigmund / Unsplash
Il existe aussi des solutions concrètes au problème des décharges sauvages, selon l’un des chercheurs à l’origine de l’étude néerlandaise, cité par ‘Les Échos’ : « trier et composter les déchets biodégradables de manière qu'ils dégagent beaucoup moins de méthane », ou « capturer le méthane produit » en mélangeant les déchets. Espérons une prise de conscience rapide !
@ Alexander Schimmeck / Unsplash