Guerres probables ou déclarées : les points de conflits dans le monde en 2023
Ukraine, Taïwan, Yémen… malgré un rythme moins fréquent des guerres entre États sur la planète, plusieurs zones de conflits persistent sur la carte du monde. Un bref passage en revue des différents points chauds en 2023.
Près de huit ans après le premier conflit qui s’était soldé par l’annexion de la Crimée, à l’est de l’Ukraine, par la Russie, l’Ukraine a été entièrement envahie par l'armée russe. La guerre fait rage entre les deux pays depuis février 2022. Il s'agit désormais d'un véritable conflit armé, aux portes de l'Europe.
Alors que certains redoutaient une défaite militaire rapide de l'Ukraine (l'objectif initial de Vladimir Poutine), le peuple ukrainien guidé par son président Volodymyr Zelensky a livré une résistance héroïque face à l'envahisseur. Le pays semble désormais en mesure de gagner la guerre et de reprendre les territoires occupés.
Il faut dire que les Ukrainiens ont été aidés par l'appui militaire et financier des pays occidentaux, États-Unis en tête. Les principaux dirigeants européens et américains ont affiché un soutien sans faille à Kiev, qui s'est traduit aussi bien par l'accueil de réfugiés que par des livraisons d'armes.
Contre toute attente, le monde semble de nouveau se trouver dans la configuration de la Guerre froide, marquée par une opposition entre un Occident démocratique d'un côté, et les puissances russes et chinoises de l'autre. Le soutien européen et américain à l'Ukraine est une question de principe : dissuader d'autres pays d'envahir leurs voisins à l'avenir.
Mais le conflit russo-ukrainien a des conséquences importantes pour l'Europe. Les États-membres de l'Union ont décidé de se passer des hydrocarbures en provenance de Russie dans le cadre des sanctions contre ce pays. Une décision qui a entraîné une hausse de la facture énergétique et des craintes de pénurie, le continent ne disposant pas de pétrole ou de gaz sur son sol contrairement aux États-Unis.
Les États occidentaux, et particulièrement européens, se sont donc lancés dans une course aux importations de pétrole et de gaz dans le monde entier. Une situation de dépendance dont profitent certains pays comme le Venezuela de Nicolas Maduro qui tente actuellement un come-back sur la scène internationale malgré la situation inquiétante des droits humains et de l'économie dans le pays.
Il faut par ailleurs noter que les tensions se manifestent partout aux marges de l'ex-URSS. Alliée de la Russie, la Biélorussie de Loukachenko (sur la photo) pourrait faire front commun pour menacer l'Ukraine par le nord, tout en essayant de limiter les ingérences russes sur son propre territoire. Par ailleurs, les tensions persistent entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans le Caucase.
La Chine n’a jamais accepté l’indépendance de Taïwan, qu’elle considère comme une partie de son territoire. Le président chinois Xi Jinping appelle régulièrement à la réunification, laissant entendre qu’une invasion de l’île pourrait se produire. La position américaine reste ambiguë : les États-Unis fournissent des équipements militaires à Taïwan, mais ne se sont pas engagés formellement à défendre le pays en cas d’attaque.
Des tensions existent de longue date entre les deux puissances nucléaires d’Asie du sud que sont l’Inde et le Pakistan. Les États-Unis sont traditionnellement alliés avec les deux États mais se méfient de plus en plus du Pakistan, qu’ils soupçonnent de jouer un double jeu au profit de la Chine. Nul doute que la rivalité indo-pakistanaise s’inscrit dans un affrontement plus global entre les deux superpuissances mondiales.
Il est donc logique que les tensions se multiplient entre le régime chinois et l’Inde, État démocratique traditionnellement plus proche de l’Occident. Certains territoires au Tibet et dans l’Himalaya sont contestés, et la présence militaire des deux pays est désormais intense de part et d’autre de leur frontière commune.
La question du nucléaire iranien reste en suspens. Comme l'indique l'ancien ambassadeur français Michel Duclos interviewé par l'Institut Montaigne, "en repoussant en août 2022 les ultimes propositions des cinq puissances nucléaires officielles associées à l’Allemagne et à l’UE, les dirigeants iraniens paraissent avoir fait le choix d’aller jusqu’au bout de l’acquisition d’un stock de matières fissiles leur permettant d’atteindre le statut d’"État du seuil"."
Cette situation crée donc un nouveau risque d'embrasement du Moyen-Orient. Directement menacé par Téhéran, Israël pourrait se lancer dans des représailles menaçant la stabilité de la région, d'autant que le pays a élu le gouvernement le plus conservateur de son histoire fin 2022. Mise au second plan par la guerre en Ukraine et les tensions en Asie-Pacifique, cette région du monde reste hautement inflammable
Par ailleurs, l’Iran affronte indirectement l’Arabie-Saoudite, son principal rival dans la région, depuis plusieurs années au Yémen. Une guerre civile y fait rage entre le gouvernement, soutenu par une coalition saoudienne, et les Houthis, des rebelles chiites appuyés par l’Iran. Ce conflit est le grand oublié des relations internationales alors que son bilan humain s’alourdit d’année en année.
Plus de dix ans après la chute de Kadhafi, la situation en Libye reste chaotique : conflits entre milices, instabilité politique et flux migratoires intenses. Selon certains observateurs, le pays est une poudrière qui pourrait exploser prochainement. Compte tenu de sa situation géographique, un embrasement du pays aurait des conséquences pour toute l’Afrique du Nord et pour l’Europe.
Plus au sud, la région sahélienne (Mali, Niger et Burkina Faso) est toujours en proie à des violences commises par des groupes armés, obligeant la population civile à se déplacer en masse. Cette région est par ailleurs le théâtre de la rivalité entre puissances (États-Unis, France, Turquie, Russie, Chine...), alors que l'armée française s'est récemment retirée du Mali.
La carte géopolitique mondiale a été fortement rebattue par les événements récents. Les pays occidentaux ont resserré les rangs depuis l'invasion de l'Ukraine, mais ils sont moins suivis dans leurs décisions par certains de leurs alliés dans les pays émergents qui craignent les conséquences économiques du conflit. Par ailleurs, la Russie tente d'opérer une bascule économique et diplomatique en direction de la Chine et du reste de l'Asie. L'année 2023 nous en dira plus sur l'évolution des lignes de front et des zones de tension dans le monde.