Séisme au Maroc : pourquoi la France n'aide-t-elle pas le pays après la catastrophe ?
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, le Maroc a été touché par un terrible séisme causant la mort de plus de 2 000 personnes.
Plusieurs pays ont proposé des secours au royaume chérifien. Mais lundi 11 septembre au matin, seules des équipes provenant de Tunisie, d’Espagne, de Jordanie et du Qatar avaient été autorisées à se rendre sur place.
De son côté, la France a aussi proposé de l’aide, comme l’a évoqué le président français, Emmanuel Macron, en marge du sommet du G20 qui se tient actuellement en Inde.
« Tous les contacts bilatéraux ont été établis au niveau technique. Les autorités marocaines savent exactement ce qu'on peut livrer, la nature et le timing. Maintenant, c'est à leur main car ce sont les autorités locales qui savent ce qui est utile et qui peuvent coordonner », a précisé le chef de l’État français, cité par ‘Les Échos’.
Des collectivités locales ont aussi proposé leur aide pour un montant total d’environ 2 millions d’euros. Et le ministère des Affaires étrangères a indiqué que des entreprises nationales souhaitent contribuer à l’effort français.
Mais malgré la gravité de la situation humanitaire, le Maroc n’a pas accepté la moindre aide de la France à ce stade.
Ce refus concerne également des ONG françaises comme Secouristes sans Frontières, qui a déploré que le Maroc bloque des équipes de secours.
Par-delà le drame humanitaire, cet épisode révèle les tensions croissantes entre les deux pays situés de part et d’autre de la Méditerranée. Explications.
Malgré la dégradation récente des relations entre Paris et Rabat, les deux États ont des liens importants, notamment par la taille des communautés présentes dans chaque pays.
Selon l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, un centre d’études français, la France abrite une diaspora marocaine d’environ 1,5 million de personnes, dont 670 000 binationaux.
De son côté, le Maroc compte sur son territoire une communauté française significative, avec tout juste 51 000 personnes inscrites sur les registres consulaires en 2021.
Mais l’intensité de ces liens n’a pas empêché les relations franco-marocaines d’empirer depuis quelques années. En cause : la question épineuse du Sahara occidental.
Le statut de cette ancienne colonie espagnole située au sud du Maroc n’est toujours pas réglé au regard du droit international. Rabat revendique une souveraineté intégrale sur ce vaste territoire au bord de l’Océan Atlantique.
Cette revendication est appuyée par les États-Unis depuis fin 2020, en échange d’une normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Mais Paris a une position différente.
En effet, la France a actuellement pour priorité de se réconcilier avec l’Algérie, avec laquelle les relations sont historiquement plus difficiles qu’avec le Maroc. Et Alger soutient les indépendantistes sahraouis pour ne pas laisser son rival marocain accroître son territoire.
En arrière-plan des tensions actuelles avec le Maroc, c’est bien la difficile question algérienne qui est en jeu pour la France. Paris tient une position délicate entre les deux pays d’Afrique du Nord dont les relations ne cessent de s’envenimer.
La position française a entraîné une crise diplomatique avec le Maroc : le royaume n’a plus d’ambassadeur à Paris depuis janvier 2023, un acte de défiance fort dans l’univers des relations internationales.
De son côté, la France a décidé à la fin de l’année 2022 de réduire le nombre de visas accordés aux ressortissants marocains, y compris à des chefs d’entreprise ou à des personnes qui viennent rendre visite à leur famille.
Il s’agit pour Paris d’une mesure de rétorsion, car le Maroc refuserait trop souvent de reprendre ses citoyens lorsqu’ils ne sont pas autorisés à rester en France.
Cette mesure a été très mal accueillie au Maroc, un pays où les ressortissants français restent libres de se rendre sans visa. La question migratoire demeure sensible entre les deux États.
Le roi Mohammed VI séjourne actuellement en France à titre privé pour se faire soigner. Sa présence peut-elle être le prélude d’un réchauffement des relations franco-marocaines ?
Un rapprochement entre ces deux pays proches et liés par de fortes relations reste souhaitable, en dépit des difficultés actuelles. En attendant, espérons que les victimes du tremblement de terre pourront être secourues le plus vite possible.