Six morts suite à la fusillade du défilé du 4 juillet à Chicago : "une tradition américaine hebdomadaire", déplore le gouverneur
Le 4 juillet, une nouvelle fusillade de masse s'est ajoutée à la longue liste des événements récents. De la fusillade dans les écoles primaires du Texas aux meurtres de clients noirs dans un supermarché de Buffalo, dans l'État de New York, ce sont tous les États-Unis qui sont touchés.
Tandis que la population célébrait la parade du Jour de l'Indépendance dans Highland Park, un quartier de Chicago, un tireur solitaire a ouvert le feu sur la foule, assassinant 6 personnes et en blessant 31.
Comme chaque année, le défilé a commencé dans le quartier de Highland Park, à Chicago, dans l'Illinois. Mais à dix heures, il est interrompu, dix minutes à peine après le début car l'auteur de cet attentat se met à tirer dans la foule, parmi laquelle figuraient des mères avec des poussettes et des enfants à vélo.
Le porte-parole du groupe de travail sur les crimes majeurs dans le comté de Lake, Christopher Covelli, a informé la presse que le tireur avait ouvert le feu sur les participants à la parade depuis le toit d'un commerce, à l'aide d'un "fusil de grande puissance".
Dès que la fusillade commence, ce sont des centaines de passants de cette communauté très soudée de 30 000 habitants qui s'enfuient, terrifiés. Selon un témoignage paru dans The Guardian (journal d’information), au moins vingt coups de feu ont été tirés.
Alexander Sandoval, un père de 39 ans affirme avoir dû cacher son fils dans une benne à ordures pour le protéger, comme il en témoigne dans The Chicago Sun Times (quotidien américain d'information locale).
"J'ai pris mon fils et j'ai commencé à courir ... nous avons couru derrière un bâtiment et j'ai mis mon fils dans une benne à ordures et il s'est assis là avec son chien et je suis retourné chercher le reste de ma famille", a déclaré Alexander.
The Chicago Sun Times publie le témoignage d'une autre victime de la parade du 4 juillet, Meg Coles. Avec ses enfants de 11 et 13 ans, ils regardaient la parade, à deux pâtés de maison de l'endroit où à eu lieu la fusillade.
"J'ai simplement essayé de leur expliquer que c'était rare et que cela ne se reproduirait probablement plus", a précisé Coles. Toutefois, les enfants de Coles ne semblaient pas convaincus de la rareté de l'événement.
Sur Twitter, Elissa Kaufman, la productrice pour CBS Chicago (réseau de télévision commercial américain), a partagé son expérience. Elle assistait à la parade avec sa famille, quand : "Nous avons entendu ce qui ressemblait à plusieurs coups de feu ou feux d'artifice. Nous nous sommes jetés à terre, puis avons couru vers un parking souterrain où nous étions garés. Il y avait beaucoup de cris et de panique".
Les rues étant bondées, le chaos s'est emparé du défilé. Des équipes d'intervention ont été envoyées et ont fait du porte-à-porte à la recherche des assaillants.
Les habitants ont été priés de s'abriter sur place pour leur protection et pour faciliter les recherches.
Le bureau du shérif du comté de Lake a demandé sur Twitter aux habitants de ne pas s'approcher de la zone, et indiqué qu'ils étaient à la recherche du tireur.
Bien sûr, les communautés voisines ont stoppé leurs parades et autres célébrations du 4 juillet, redoutant une nouvelle attaque du tireur.
L'auteur de l'attentat, Robert E. Crimo, un jeune homme de 22 ans, a profité de la foule paniquée pour fuir la scène à bord de sa voiture.
La chasse à l'homme induite par cette fuite a duré des heures, faisant monter la tension. La police a prévenu qu'il s'agissait d'un homme "armé et très dangereux".
Au cours de la première recherche, l'unité canine a permis de retrouver l'arme utilisée lors de la fusillade, un second fusil, et des munitions, informe le bureau du shérif du comté de Lake. Mais aucune trace du tueur.
Ce ne sera que quelques heures plus tard que Robert E. Crimo est retrouvé et arrêté par les autorités. Le bureau du shérif du comté de Lake affirme que le jeune homme a agi seul et a défini l'attaque comme "aléatoire et intentionnelle".
Selon les autorités, le jeune détenu disposerait d'une chaîne YouTube sur laquelle il partageait régulièrement des vidéos pro-armes et expliquait qu'il était favorable sans discrimination à la possession d'armes.
Il semblerait que le profil de l'auteur de cette fusillade corresponde à celui des auteurs d'autres fusillades survenues dernièrement, comme celles d'Uvalde, au Texas, ou de Buffalo, dans l'État de New York.
Le député démocrate de l'Illinois, Sean Casten, commente la situation sur Twitter : "Il n'y a qu'en Amérique que des familles doivent fuir des coups de feu et se faire tirer dessus lors d'un défilé. Nous NE POUVONS PAS laisser la violence armée se poursuivre un jour de plus."
La veille du 4 juillet, le gouverneur J.B. Pritzker avait prononcé un discours fracassant à Highland Park et déclarait : " Si vous êtes en colère aujourd'hui, je suis ici pour vous dire d'être en colère."
"Je suis furieux que d'autres vies innocentes aient été prises par la violence armée. Je suis furieux que leurs proches soient à jamais brisés par ce qui s'est passé aujourd'hui. Je suis furieux que des enfants et leurs familles aient été traumatisés", a poursuivi le gouverneur Pritzker.
"Je suis furieux que cela se produise dans les communautés de l'Illinois et de l'Amérique. Alors que nous ne célébrons le 4 juillet qu'une fois par an, les fusillades de masse sont devenues notre tradition américaine hebdomadaire - oui, hebdomadaire". C'est par ces mots que le gouverneur Pritzker a conclu son discours, condamnant la violence américaine.
"Jill et moi sommes choqués par la violence insensée des armes à feu qui a encore une fois endeuillé la communauté américaine en ce jour de l'indépendance", a déclaré par écrit le président Joe Biden au sujet de la tragédie.
Deux policiers ont été abattus à Philadelphie moins de 12 heures après le massacre de Highland Park, ce qui ne fait que renforcer le drame.
Il y avait des milliers de personnes qui assistaient à un concert et un spectacle de feux d'artifice le 4 juillet à Philadelphie, lorsque deux agents de police ont été abattus. Selon CBS3 Philadelphia, le tireur est toujours dans la nature, mais aucun des deux agents n'est dans un état critique.
Photo : 6ABC Philadelphia
Le public américain a recentré son attention, après la tuerie survenue à Highland Park, sur le débat national concernant le contrôle des armes à feu, sur les raisons pour lesquelles ces tragédies sont si fréquentes et sur l'incapacité des politiciens à prendre la situation en main.